Makwatsha

Makwatsha

Picha asbl, avec l'appui de la Fondation Gerda Henkel, a initié depuis 2015 un projet d’implantation d’un atelier de sérigraphie à Lubumbashi et à Makwacha, village situé à 60 kilomètres de la ville.

Le projet Makwatsha s’inscrit sur deux axes :

  • En premier lieu, revisiter, au travers la sérigraphie textile, la pratique traditionnelle de la peinture murale existante dans différentes régions du Congo et les multiples créations textiles artisanales locales (le velours Kuba étant l’un des plus connu).
  • Ensuite, valoriser ces pratiques au-delà de leur zone géographique en les intégrant dans une pensée et une démarche artistique.

Depuis des lustres, les cases de la communauté Lamba bénéficie d’un savoir esthétique et symbolique inspiré par la nature qui se traduit par des peintures murales et colorées. Œuvre de la femme Lemba, celles-ci trouvent les colorants naturels dans les plantes, le calcaire, le charbon, ou encore l’argile… Les peintures, faites à la main et par des outils primaires, racontent le quotidien des villageois, peignent la faune, la flore, les croyances ou représentent des figures abstraites qui interprètent la vie de manière intime et subjective.

L’influences de pagnes africains ou motifs de wax se lit dans ces peintures, parfois des publicités de produits issus des grandes villes s’immiscent furtivement dans les contours.

Le projet Makwatsha exploite l’identité culturelle issue d’une pratique ancestrale transmise d’une génération à une autre. Au XXIe siècle, cette pratique constitue un produit contemporain qui témoigne d’une créativité et d’une valeur économique réelles.

Les entreprises textiles (tel que Utex Africa, Syntex Kin), ont fermées ou ont fait faillite, ce qui appelle un manque d’emploi, de visibilité de la créativité locale et de l’entreprenariat. La peinture murale devient marginalisée en subissant la force écrasante de la production/importation du Wax Hollandais et des pagnes produits en Chine. L’absence de visibilité du rôle des femmes dans la société affaiblit sa communauté et appauvrit les conditions de vie en ce qui concerne l’accès à la santé, à l’éducation et à la créativité. Ce projet, Makwacha, la remet au centre pour valoriser ses capacités, sa créativité et sa contribution dans l’épanouissement de sa communauté.

Reproduite dans le cadre de création sérigraphique et artistique, la peinture murale imprimée sur textile permet de créer une identité et valeur locale, de renouveler le dialogue au niveau microsocial et de créer une nouvelle économie locale sous la direction de Sammy Baloji, directeur artistique de l’atelier de sérigraphie de Makwacha.

 

Plusieurs artistes au sein de la communauté Picha participent de manière ponctuelle à la réalisation de ce grand projet, il s’agit entre autre de Georges NSENGA, Alain NSENGA, Daddy TSHIKAYA, Gulda El Magambo et Nilla Banguna.

 

Daddy Tshikaya est récemment revenu d’une résidence à Makwacha durant laquelle il a installé une table de sérigraphie dans les locaux prévus à cet effet. Fort de son expérience et des derniers développements et essais du projet, nous travaillons sur l’impression des motifs créés sur tissu/textile. Nous espérons organiser une autre résidence sur place pendant l’été lorsque les peintures murales auront lieu dans le village. Ce projet favorise les partenariats avec les départements de design/mode des écoles, universités ou institutions intéressées, et cherche à développer le potentiel créatif et commercial de cette pratique comme moyen de revenus pour les femmes de Makwacha. L’équipe du projet Makwacha envisage actuellement de développer davantage ces activités.